emmaillotter

emmaillotter

⇒EMMAILLOT(T)ER, (EMMAILLOTER, EMMAILLOTTER)verbe trans.
A.— Envelopper étroitement (un petit enfant) dans un maillot, un lange, qui enferme la partie inférieure du corps jusqu'au-dessous des bras. Emmailloter un enfant. L'enfant au monde, on l'emmaillote tout entier, sans laisser les bras libres (RENARD, Journal, 1889, p. 19). Il [le docteur] recommanda à Madame Morin de ne pas m'emmailloter trop serré (FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 8).
B.— P. ext. Envelopper, recouvrir étroitement (une personne, une chose) afin de la protéger.
1. [Le suj. désigne la pers. qui emmaillote]
a) [Le compl. désigne une pers. ou, plus rarement, un animal] Ninon avait pansé soigneusement et quasiment emmailloté Châteaubedeau (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 144) :
1. ... prenant le malheureux animal qui s'était pelotonné et ramassé sur sa souffrance, l'emmaillottant doucement dans la couverture, il [Anatole] l'apporta devant la chaleur du poêle.
GONCOURT, Manette Salomon, 1867, p. 301.
Emploi pronom. réfl. Je me suis étendu sur la paille, Marthereau s'emmaillote à côté de moi (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 201).
b) [Le compl. désigne une partie du corps] On emmaillotta mes pieds dans des compresses d'eau fraîche (ABOUT, Roi mont., 1857, p. 233) :
2. J'avais la poitrine et l'épaule gauche solidement emmaillotées; je sentais là comme une brûlure, ...
ERCKMANN-CHATRIAN, Le Conscrit de 1813, 1864, p. 132.
Emploi pronom. réfl. indir. S'emmailloter un doigt (Ac. 1932).
c) [Le compl. désigne une chose] On avait caché les fauteuils sous des draps, emmailloté les lampes, roulé les tapis (COLETTE, Dial. bêtes, 1905, p. 34). Je vais emmailloter mon fusil comme toi, a-t-il dit à Lemoine, la pluie a tout rouillé le mien (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 58) :
3. Angélique (...) tenait la poêle dont, pour ne pas se brûler les doigts, elle avait emmailloté la queue dans un mouchoir de dentelle...
MORAND, L'Homme pressé, 1941, p. 62.
2. [Le suj. désigne ce qui emmaillote] Elle [Madeleine] marchait vite (...) tout enveloppée d'un long cachemire qui l'emmaillotait comme si elle avait eu très-froid (FROMENTIN, Dominique, 1863, p. 268). Un épais bandage de toile emmaillote son index droit, affligé d'un panaris (COURTELINE, Conv. Alceste, Cinquantaine, 1895, p. 210).
C.— Au fig. Envelopper étroitement, entourer de toutes parts; p. ext. rendre incapable d'agir ou de réagir. L'Église gallicane, emmaillottée par les parlements, conservait-elle un mouvement libre? (J. DE MAISTRE, Pape, 1819, p. 243). Il faut en finir avec les préjugés qui emmaillottent l'humanité (SANDEAU, Sacs, 1851, p. 52) :
4. Elle ne m'emmaillote de ses bontés que pour me donner un jour pieds et poings liés à quelqu'un de ses protégés en quête d'héritière.
É. AUGIER, Lions et renards, 1870, IV, p. 159.
Rem. On rencontre ds la docum. a) Le part. passé adj. emmailloté(e). Enveloppé du maillot. Le bambino nu ou bien emmailloté (CANSELIET, Alchim., 1936, p. 95). En partic. Nymphe emmaillotée. Nymphe dont l'enveloppe épouse la forme de l'insecte parfait. La chenille lourde et rampante, qui (...) s'enferme dans une coque exactement semblable à un cercueil, s'y change en chrysalide, en nymphe emmaillotée, c'est-à-dire y prend une figure parfaitement analogue (...) aux momies d'Égypte (POMMIER, Athéisme, 1857, p. 223). Emploi subst. De tels sons (...) joints à l'attaque barbare que subissait Ninon, retirèrent à la pauvre marquise la moitié de ses forces (...) le reste (...) l'emmailloté [Châteaubedeau, qui était entièrement bandé] en profita (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 146). b) Le subst. emmaillot(t)eur, euse. Celui qui emmaillote. P. métaph. Messieurs, vous n'êtes point des guérisseurs d'amour-propre en souffrance, des emmaillotteurs de vanités blessées (CHATEAUBR., Presse, 1822-28, p. 197).
Prononc. et Orth. :[], (j')emmaillote []. Noter que la 2e syll. est transcrite longue et de timbre post. [] ds FÉR. Crit. t. 2 1787, LAND. 1834 et GATTEL 1841 d'apr. maille. Le mot est parfois écrit avec 2 t. Cf. ex. 1 et SANDEAU, loc. cit. (de même on rencontre emmaillotteur cf. CHATEAUBR., loc. cit.). Ac. l'écrit ainsi jusqu'en 1835 (cf. aussi Lar. 19e et, à titre de var., GUÉRIN 1892). Étymol. et Hist. Ca 1200 « envelopper dans un maillot un enfant » (Chevalier cygne, 154 ds T.-L.); p. ext. 1657-62 « envelopper dans des couvertures, des vêtements » ici pronom. (PASC., Pens., II, 82 ds ROB.); 1800 fig. (LEMERCIER, Pinto, I, 1, p. 19 : Que faire d'un homme emmailloté dans tous les préjugés, qui craint les divisions). Dér. de maillot; préf. en-; dés. -er; cf. a. fr. enmailloler (RASCHI, p. 45 et fin XIIe s. R. DE CAMBRAI, 8008 ds T.-L.) dér. de mailluel, v. maillot. Fréq. abs. littér. : 126.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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